Je me tiens devant les lourdes portes du château de Trets, ce lieu qui a vu grandir Barral et moi, et une foule de souvenirs me submerge. Le vent sec et chargé d’histoire semble chuchoter à mes oreilles le rire de mon frère aîné. Barral, de quatre ans mon aîné, avait toujours été une figure imposante à mes yeux. Plus qu’un frère, il était un guide, un protecteur, celui que j’essayais, en vain, d’imiter. Combien de fois, enfants, m’avait-il devancé dans nos jeux dans la cour, sautant plus haut, courant plus vite, combattant mieux que moi avec une branche d’olivier comme épée ? Aujourd’hui encore, le simple souvenir de son assurance m’écrase d’un mélange d’admiration et de regret.