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HK 70 : Jordan Blanc

Jordan Blanc, (1148-1204) cousin et homme de confiance de Raimond VI de Toulouse. Chevalier intrépide et diplomate malchanceux est un grand oublié de l'Histoire. Mais pour comprendre sa vie, il faut remonter deux ans avant son commencement.

En cette belle journée d'automne 1146, l’Évêque d'Olomouc, Henry Zdik, était sur la place du marché. Tous les Moraves, et les quelques immigrés Germains entendant la langue slave l'écoutaient avec dévotion pendant que les nombreux marchands juifs de Prostějovice se terraient chez eux, inquiets de cette subite ferveur religieuse.

Au premier rang se tenait Ottokar z Kravař, seigneur des lieux, issu de la puissante famille des Benešovci. Au coté du prestigieux ecclésiastique dont chacun connaissait les exploits en Terre Sainte se tenait le Roi de Bohème, Vladislas II et son épouse germanique, Gertrude von Babenberg, entourés de leurs vassaux.

blason des Kravar

L’Évêque, décrivait avec force effets dramatiques la situation des Lieux Saints. La férocité des mahométans, les exploits des croisés.

Si bien qu'après une bonne heure d'un discours passionné, quant il appela les fidèles à la Croisade, Ottokar se leva d'un bond en brandissant son impressionnante Masse d'armes et joignant sa voix à celle de son peuple, jura sur le champ de partir délivrer le tombeau du Christ.
Cette scène fit une impression profonde sur une jeune fille d'à peine 14 ans. Se tenant à coté de son Seigneur de père, Ludmila Kravárová dite « bílá kadeř» (la Mèche Blanche) irradiait déjà, non seulement par sa beauté diaphane, sa peau laiteuse, ses yeux bleu marine et la curieuse mèche blanche qui ornait sa chevelure de jais ; mais aussi par l'air de grande intelligence et de profonde piété dont son visage ne se départissait jamais.

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Bien loin de là, au même moment, Alphonse de Toulouse, assistait non sans quelques inquiétudes à une discussion de la plus haute importance avec son frère aîné, Raimond et de son père Alphonse Jourdain, qui portait ce nom parce qu'il avait été baptisé dans les eaux mêmes du fleuve biblique lors d'une précédente croisade. Jourdain annonçait à ses fils qu'il se croisait pour expier ses péchés, et aussi, en filigrane, pour obtenir le soutien du Pape dans le projet de sa vie : l'annexion définitive de la Provence au riche Comté de Toulouse.

Un projet maintes fois contrarié, que ce soit par la famille des Baux, celle de Forcalquier ou encore par le Roi d'Aragon.

Les garçons, à la foi tout autant ancrée en leur jeune âge (12 et 11 ans à peine !) que celle de tout chrétien de l'époque argumentaient pour accompagner leur père vers la Terre Sainte. Jourdain insistait pour les laisser derrière lui veiller aux intérêts du Comté et à la sécurité de la succession.

Finalement, avec une noblesse et un sens politique dont il fit preuve toute sa vie, c'est le futur Raimond V qui trouva la solution.

- « Père, prenez Alphonse avec vous jusqu'à Jérusalem, et quand il aura vu le tombeau de notre Sauveur, renvoyez le m'aider à régner sur vos sujets. »

C'est ainsi qu'au printemps 1147, Alphonse Jourdain s'embarquait vers son destin au port de « La Tour du Bouc » en Camargue. Il allait musarder en route car on le retrouve à Constantinople début 1148. C'est là que sa route croise celle d' Ottokar z Kravař.

Vladislav II de Bohème avait déjà décidé de quitter Constantinople via Kiev et Krakôwie le long de l'ancienne route commerciale, quand une partie de sa suite (dont de nombreux nobles Moraves) avait continué avec l'Empereur Conrad III à travers l'Asie Mineure; à la bataille de Dorylaion en 1147, le maréchal Jurik mourut et le chancelier ducal Barthélemy fut fait prisonnier. À Constantinople, l'évêque Henry Zdik participa pendant de long mois aux débats théologiques entre prélats catholiques et orthodoxes. Ottokar, grièvement blessé, se remettait peu à peu couvé par sa fille qui l'avait accompagné jusque là.

Pendant plusieurs semaines, les deux chevaliers que presqu'un continent séparait firent ainsi connaissance et lièrent amitié. Pendant ce temps, ceux qu'ils considéraient comme des enfants étaient livrés à eux-mêmes et ce qui devait arriver arriva.

Il fallut marier d'urgence les deux tourtereaux pour éviter le scandale, Jourdain dut renoncer à demander une dot, en échange de quoi Ottokar finit par accepter une simple et discrète réparation pécuniaire. Jourdain, furieux, dessaisit Alphonse de ses rares apanages et le couple fut renvoyé dare-dare vers l'Occitanie, munis d'une fable selon laquelle leur mariage politique avait pour but d'améliorer les relations avec l'Empire. Et une consigne pour Raimond de tenir son frère et sa belle-sœur à l’œil.

Le 12 Décembre 1148 naquit en terre Occitane, un bébé doté d'une imposante chevelure d'un noir profond, orné d'une mèche toute blanche. Ses parents le baptisèrent Jordan , mais chacun prit l'habitude de l'appeler Blanc, en raison de cette remarquable mèche de cheveux.

Pendant que leur fils grandissait et devenait un chevalier respecté, Alphonse et Ludmila menaient une vie relativement discrète, dans l'ombre de Raimond V qui, très vite montra des talents politiques considérables. Contrairement à beaucoup de puînés à l'époque, Alphonse ne donna jamais la moindre prise à la méfiance ou à la jalousie de son frère, se contentant de patronner les troubadours et de faire des largesses au clergé, non seulement local, mais jusqu'à la Cathédrale de Chartres en 1177.

L'ambitieux Jordan, lui, rongeait son frein, et comprenant qu'il ne pourrait rien obtenir en Occitanie, décida d'aller passer du temps dans sa famille maternelle. Là il prit part aux luttes intestines qui suivirent l'abdication forcée de Vladislas II en 1172.

Il resta 25 ans dans la région, mais en 1197 avec l'avènement d'Ottokar Ier de Bohème, la situation politique en Bohême-Moravie changea brusquement. Le nouveau prince profita des conflits internes en Allemagne et fut formellement reconnu roi héréditaire de Bohême par les deux prétendants à l'empire, Otto IV et Philippe de Souabe, et par le pape Innocent III. Ses rivaux Premyslid survivants furent donc expulsés du royaume. La Bohême et la Moravie étaient maintenant unies sous une forte monarchie, soutenues par des immigrants allemands, des citadins et des hommes d'église, tandis que les nobles tchèques concentraient de plus en plus leur attention sur leurs propres domaines.

Si la famille Kravar sut prendre le tournant habilement et garder son influence auprès des Premyslid, ce n'est pas le cas de Jordan, qui, toujours à la recherche d'une occasion de récupérer des terres s'étaient imprudemment engagé auprès d'un autre prétendant.

Il décide alors de quitter les parages devenus dangereux et de se rapprocher de son cousin Raimond VI de Toulouse qui avait entretemps succédé à son père Raimond V sans qu'Alphonse ne tente à aucun moment de jouer sa carte.

Et c'est ainsi qu'il fut envoyé à Marseille comme ambassadeur de son Cousin et qu'il s'y trouvait encore quand la crise avec la Catalogne éclata.

 

 

Commentaires

  • Páni z Kravař (německy Herren von Krawarn) byli starý moravský šlechtický rod s erbem stříbrné zavinuté střely v červeném poli, náležící do rozrodu Benešov(i)ců.

    Les seigneurs de Kravařs (Herren von Krawarn en allemand) étaient une vieille branche aristocratique morave du clan Benesov dont elle portait le blason au motif particulier particulier argent sur gueules.

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