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La Légion de Vattel (Chapitre 1 : 1781-1792)

Seminole-portraits.jpgCharles Adolphe Maurice de Vattel (1765-1827) était le fils de Emer de Vattel, philosophe et théologien, conseiller privé de l’Électeur de Saxe, Auguste III, né en avril 1714 à Couvet, et mort en 1767 à Neuchâtel, lui même fils de David de Vattel (1680-1730), pasteur et chapelain du roi de Prusse, et de Marie de Montmollin. Sa mère était Marianne Du Chêne que son père épousa à Dresde en 1764.

Orphelin très jeune, il grandit dans le culte de son père défunt dont il recueille les enseignements en ayant un accès direct à ses notes et s'imprègne de sa pensée philosophie et juridique sur la théorie des États souverains. Il est aussi attiré par une partie moins connue de l’œuvre de son père, ses écrits poétiques.

Jusqu'en 1781, il est l'élève de David Marat de Boudry, frère cadet du conventionnel et futur professeur de Pouchkine en Russie.

Selon les différents témoignages de ses contemporains, le professeur Marat de Boudry, doté d'un esprit des plus vifs, d'une grande culture et de manières très raffinées, d'une courtoisie exquise tempérant une laideur et une crasse légendaires, toujours vêtu de gris à la jacobine, remarquable pédagogue, sut enthousiasmer ses jeunes élèves par ses cours de civilisation française truffés d'anecdotes divertissantes et respectueuses quant à son illustre frère, imprégnant ainsi d'idéaux démocratiques, voire révolutionnaires, la fine fleur de l'aristocratie russe.

 

En Juillet 1780, Charles s'embarque pour les Amériques, au sein de la légion des volontaires étrangers de Lauzun dépêchée par Louis XVI pour soutenir les Insurgents. Malgré son jeune âge (sur lequel il triche) il parvient, par son élocution, sa prestance, ses connaissances miliraires (toutes livresques) et le versement d'une généreuse contribution à son capitaine, à obtenir un poste de sous-lieutenant à la compagnie de chasseurs.

 

La légion prend part à la guerre d'indépendance des États-Unis de 1780 à 1783. Cette unité mixte (une compagnie de grenadiers, une compagnie de chasseurs, deux escadrons de hussards, une compagnie de canonniers) débarqua à Newport (Rhode Island) en juillet 1780 et passa l'hiver à Lebanon (Connecticut).

 

La légion de Lauzun s'illustra pendant le siège de Yorktown, principalement devant Gloucester le 3 octobre 1781 où ses hussards chassèrent du champ de bataille la cavalerie britannique du colonel Banastre Tarleton. L'unité resta aux États-Unis d'abord à Hampton (Virginie), puis en février 1782 à Charlotte Court House (Virginie), avant de se déplacer en juillet 1782 vers New York. La légion quitta les États-Unis en mai 1783.

Après quelques combats, ses supérieurs étant blessés ou malades, Charles prend le commandement de la compagnie de chasseurs. Impressionnés par les performances des longs fusils rayés américains, il profite de sa maîtrise parfaite de l'allemand pour prendre langue avec leus fabricants : des artisans d'origine germanique basés en Pennsylvanie et dans le Kentucky, et en rééquipe sa compagnie à ses frais (ou plutôt grâce aux fruit de sa part des pillages opérés dans les roches plantations appartenant à des loyalistes). Il se marie avec Ann-Sarah Schmidt, fille d'un artisan de Boston.

 

Devant la fraicheur avec laquelle le Roi et la Cour reçoivent Armand-Louis de Gontaut Biron, duc de Lauzun, son supérieur, il renonce à poursuivre sa carrière dans l'Armée Royale. Tandis que son mentor se voit pauvrement récompensé par la création d'un régiment de Hussard, il passe avec sa compagnie de chasseurs au service de l'Espagne.
La compagnie de chasseurs de Vattel, augmentée de nouvelles recrues (toutes catholiques, elles) est renvoyée aux Amériques pour renforcer la garnison de Floride reconquise par les Espagnols au traité de Paris.

Là, Charles constate avec effarement que les troupes et les civils espagnols sont trop peu nombreux face à l'afflux de colons d'origine britannique implantés durant les dernières décennies d'occupation anglaise. Il parvient à convaincre le gouverneur de le laisser lever des troupes supplétives chez les Séminoles et aussi les noirs évadés des plantations de Géorgie et d'Alabama.

Devant les critiques des colons espagnols, il est obligé de les disperser en un fin cordon le long de la frontière qu'il parcourt inlassablement pour s'assurer de leur discipline.

Alors que la capitale est à San Augustin sur la côte Est, il s'installe à Tallahassee au centre de son dispositif.

Pendant 9 ans, la petite armée privée de Vattel est sufisante pour tenir les américains en respect.
Mais pendant ce temps, en France, les événements se sont précipités. Louis XVI a du concéder beaucoup de pouvoir aux révolutionnaires, au point que ses voisins s'inquiètent.

Rochambeau, en 1789, avait adopté les principes nouveaux, mais avec modération.

Une loi du 28 décembre 1791 lui confère le bâton de maréchal, quelques jours après sa nomination comme général en chef de l'armée du Nord.

Il avait gardé des liens épistolaires avec Vattel, et sachant sa situation en Floride pour le moins inconfortable, il propose à l'Assemblée de le rappeler au service de la France, sans trop y croire.
Il trouve un soutien inattendu en la personne de Jean-Baptiste Marat, qui lui aussi s'est tenu informé de la carrière de son jeune compatriote Neuchâtelois, ancien élève de son frère désormais partis professer en Russie.
Le gouverneur Espagnol n'est que trop heureux de se débarrasser de cette troupe de nègres, d'indiens et de protestants qu'il sait bien ne contrôler que par le bon vouloir de Vattel et assure leur rapatriement en échange de quelques denrées envoyées de Saint-Domingue.

Le 20 avril 1792, L'Assemblée, sur une proposition du roi Louis XVI, déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », cette expression désignant l'empereur du Saint-Empire et ses États. Dumouriez prépara une invasion immédiate des Pays-Bas autrichiens où il espérait un soulèvement populaire contre la domination de la maison d'Autriche. Cependant, la Révolution avait profondément désorganisé l'armée et les forces réunies furent insuffisantes pour tenter une invasion. À la suite de la déclaration de guerre, les soldats français désertèrent en masse et, même dans un cas, assassinèrent leur général.

La troupe bigarrée débarque à Marseille début Mai, et reste en quarantaine sur l’hôpital Caroline situé dans l'Archipel du Frioul jusqu'à la mi juin.

Dans l'intervalle, arrive la nouvelle de la démission de Rochambeau, en froid avec Dumouriez.

Malgré tout, Vattel et ses hommes entreprennent de remonter la vallée du Rhône, de la Saône et du Doubs pour aller se placer, aux ordres de Custine, lui aussi un ancien de l'armée d'Amérique, face au Rhin.

Le « général Moustache », très populaire dans la troupe malgré la discipline qu'il impose, verse dans la légion de Vattel quelques germanophones, sujets alsaciens ou lorrains du Roi, suisses désœuvrés par le renvoi de leurs régiments ou prisonniers prussiens et la place dans la forteresse de Besançon, face à la Principauté (Prussienne) de Neuchâtel, faiblement défendue avec carte blanche soit de défendre le cours du Doubs, soit d'exporter la révolution de l'autre coté du Jura selon l'opposition qu'elle découvrira.

La nouvelle de la tuerie du 10 Aout (où la garde Suisse du Roi est massacfée par la foule parisienne) parvient le 11 en fin de soirée à Charles de Vattel. Il passe la nuit à rédiger ses plans, et en 48 heures, l'ensemble de la légion émigre dans la Principauté de Neuchâtel. Au passage, il montre ses ordres de mission signés par Custine. Il dit qu'il a choisi d'attaquer. En réalité, il déserte avec armes et bagages face à l'instabilité du régime qui l'emploie et le risque réel d'affrontements avec les révolutionnaires.

A cette date la Légion de Vattel est composée de :

  • 3 compagnies de fusiliers noir

  • 2 compagnies de fusiliers suisses-allemands (et alsaciens, bas-allemands, etc.)

  • 1 compagnie de grenadiers de toutes origines.

  • 2 compagnies de chasseur séminoles (avec quelques européens romantiques)

  • 2 compagnies de « longs fusils » avec quelques vétérans de la légion de Lauzun renforcés d'aventuriers espagnols, américains, et de recrues parlant allemand.*

  • 4 escadrons de chasseurs à cheval

  • 2 compagnies de cannoniers

Soit 5 cie de fusiliers, 4 de chasseurs et 1 de grenadiers : 1000 fantassins

Il concentre ses troupes au Locle, d'où il redescend par deux vallées parallèles sur Vallangin et Neuchâtel. Maintenant l'équivoque, c'est l'arme à l'épaule et accueillis par ses connaissances et alliés locaux qu'il entre dans les faubourgs. Le temps que la maigre garnison prussienne comprenne ce qui lui arrive, elle est prisonnière et coupée de toute source de ravitaillement par une population enthousiaste qui proclame la République de Neuchâtel le 14 Aout 1792.


Note : On ne sait rien de Charles-Adolphe. Son père est bien entendu réel, et même un personnage de premier plan à l'époque ce qui peut expliquer que son fils bénéficie de facilités dues à son nom.
Évidemment, j'ai vérifié toute la chronologie pour que ça passe aussi improbable que cela paraisse avec le recul.
Le prochain chapitre sera consacré à la conquête du reste de la Suisse Romande, son ralliement à Napoléon, puis sa retraite au sein de la Confédération Helvétique du Congrès de Vienne.

La Time line réelle rejoindra ma digression seulement en 1848, au moment de la révolution Neuchateloise que j'anticipe quelque peu pour l'aligner sur celle du canton de Vaud. Rien d'invraisemblable donc.

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