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HK 71 Anders Olsen dit « Palnatoke »

L'interminable coucher de soleil semblait s'éterniser sur cette journée de Juin 1193. Anders avait depuis longtemps terminé son service et écoutait une vieille saga, scandée par la mémoire infaillible de son ami Bo Larsen dans la salle des Gardes de l'archevéché de Lund quand le serviteur entra.

- Monseigneur veut te voir, Anders, fils d'Ole.
- J'arrive.
En parcourant la cour qui le séparait des appartements de l'archevêque, Anders se demanda ce que pouvait lui vouloir le vieil homme.
 

Monseigneur Absalon devait déjà avoir 65 ans et était déjà une légende vivante. Il était né vers 1128 près de Sorø, en Zélande dans le puissant clan des Hvide. Il avait été baptisé le jour de la Saint-Absalon soit, le 30 octobre. Ce qui expliquait son prénom si peu commun dans la région. Il était le fils d'Asser Rig, un magnat du clan Hvide de Fjenneslev en Zélande et Inger Eriksdotter. Il était aussi un parent de l'archevêque Eskil de Lund. Il avait grandi au château de son père, et été élevé aux côtés de son frère aîné Esbern Snare et du jeune prince Valdemar, qui devint plus tard le roi Valdemar I du Danemark. Pendant la guerre civile qui suivit la mort d'Éric III de Danemark en 1146, Absalon se rendit à l'étranger pour étudier la théologie à Paris, tandis qu'Esbern luttait pour l'accession de Valdemar au trône. À Paris, il fut influencé par les idéaux réformistes grégoriens de l'indépendance de l'église de la domination monarchique. Il sse lia aussi d'amitié avec le chanoine Guillaume d'Æbelholt à l'abbaye de Sainte-Geneviève, qu'il nomma ensuite abbé de l'abbaye d'Eskilsø.
 
Absalon apparaît pour la première fois dans la chronique contemporaine de Saxo Grammaticus, Gesta Danorum, à la fin de la guerre civile, lors de la négociation de l'accord de paix entre Sweyn III et Valdemar au Prieuré de St. Alban à Odense. Il avait été invité au banquet de Roskilde donné en 1157 par Sweyn à ses rivaux Canute V et Valdemar. Absalon et Valdemar échappèrent de justesse à l'assassinat de Sweyn à cette occasion, et s'enfuirent au Jutland, où Sweyn les suivit. Absalon n'a probablement pas pris part à la bataille suivante de Grathe Heath en 1157, dans laquelle Sweyn a été vaincu et tué, ce qui a conduit Valdemar à monter sur le trône danois. Le Vendredi saint 1158, l'évêque Asser de Roskilde mourut, et Absalon fut finalement élu évêque de Roskilde en Zélande avec l'aide de Valdemar, comme la récompense du roi pour le soutien de la famille Hvide.
 
Dès lors, son influence sur le Roi resta très forte et il fut le principal instigateur des Croisades Danoises contre les Wendes. Mais à l'époque, être évêque n’était pas incompatible avec le métier des armes, et les exploits militaires d'Absalon remplissent des pages de chroniques. C'est là qu'il fit la promesse à son garde du corps Ole, mourant, de prendre soin de son fils.
 
Le jeune garçon avait donc été élevé au petit séminaire et avait appris à lire et écrire en latin. Puis soudain, vers 17 ans, il s'était mis à grandir vertigineusement jusqu'à atteindre les 7 pieds de haut. Sans hésitation il avait décidé de suivre les traces de son père et il était à présent le plus jeune sergent de la Garde Archiépiscopale.
- Entre mon petit
 
Malgré sa taille imposante, Absalon l'avait toujours appelé ainsi. Anders garda un silence respectueux.
 
- Gallico loqueris?
- Non, sed volo discere
- Cela tombe bien, je t'envoie en Francia Occidentalis.
- A vos ordres, Monseigneur ?
- Tu feras partie de l'escorte de Dame Ingeburge, fille de notre très aimé Roi Valdemar. Elle doit se rendre auprès de son promis, Philippe, Roi de France entourée de ses suivantes et de prélats que j'ai chargé de remettre sa dot. C'est une somme importante et j'ai besoin non seulement d'hommes solides, pour déjouer les pêcheurs qui voudraient s'en prendre à nous par la force, mais aussi d'un homme de bon sens, capable de répondre aussi à ceux qui voudraient user de ruses.
 
Ainsi commencèrent les aventures d'Anders Olsen au cours desquelles il acquis le surnom de « Palnatoke » par référence à un héros populaire légendaire, avatar Danois de Guillaume Tell ou de Robin des Bois. Car bien évidemment, l'énorme somme de 10 000 Marcs d'argent suscita au convoi bien des convoitises, dont j'espère vous conter le détail un jour. Mais devant la clairvoyance toujours, la bravoure, souvent, et la Force parfois de l'escorte de la Princesse, Ingeburge, sa dot, ses suivantes et ses confesseurs arrivèrent sains, saufs et entiers en Royaume de France où la noce royale fut célébrée devant un très grand parage de nobles gens et de hauts clercs.
 
Anders ne vit pas la cérémonie, il n'y avait pas assez de place pour un simple chevalier dans la Cathédrale Notre Dame d'Amiens.
 
Le Roi ayant semblé séduit par sa fiancée avait fait hâter les cérémonies et distribué force tonneaux de vins pour les réjouissances. Le vin n'était pas inconnu d'Anders, mais il n'en avait jamais vu autant, ni gouté de l'aussi bon. Aussi se réveilla t il fort tard le lendemain, secoué par au moins deux clercs danois blancs comme des linges.
 
- Il faut partir, vite !
- Quoi que se passe-t-il ?
- Reveille toi, Chevalier, nous devons partir !
- Mais pourquoi, c'est le couronnement aujourd'hui ?
Il est déjà passé, tu as dormi jusqu'à Nones ! Et nous devons filer en vitesse !
 
Avant Vèpres, le convoi était déjà reparti au galop. Ce n'est qu'en chemin qu'Anders put enfin recevoir les réponses qu'il attendait de l'évèque Estrid, chef de la délégation
Après la nuit de noce, le Roi de France avait montré des signes de très grande agitation. Comme un mélange de peur et de colère et avait exigé que la jeune reine rentre au Danemark.
La dot ayant été versé, le mariage consommé, cela était hors de question et l'évèque avait refusé de négocier et décidé de lever le camp au plus vite.
 
Le scandale fut énorme de retour au pays. D'autant plus que les pires rumeurs circulaient sur ce qui avait causé le revirement du Roi de France et que l'honneur du Danemark était en jeu.
On apprit rapidement qu'Ingeburge était retenue prisonnière et fort mal traitée par son mari. Peu avant Noël, on apprit que le Roi de France avait obtenu de prélats complaisants l'annulation de son mariage tandis qu'Ingeburge avait fait appel au pape, Celestin III.
 
L'évèque Estrid tomba en disgrâce et se réfugia dans un monastère sont il ne ressortit plus jamais.
Quant à Anders, il s'imposa une très longue pénitence de plusieurs mois et ne retoucha plus de sa vie une goutte de vin.
Trois ans plus tard, Absalon commença à confier à Anders des missions d'escorte des diplomates qu'il envoyait aux quatre coins de l'Europe récolter les soutiens. Le Pape Célestin III s'en était mêlé et avait tenté d'obtenir une réconciliation, mais sans résultats.
L'affaire traina encore de longs mois jusqu'à la mort de Célestin et l'élection de son successeur.
En 1198, le nouveau pape Innocent III prit la cause d’Ingeburge très au sérieux et décida d’utiliser les grands moyens. Il somma plusieurs fois le roi de France de rendre sa place à Ingeburge et de se séparer d’Agnès de Méranie qu’il avait épousée entretemps. Il menaça le roi d’excommunication et lui intima de faire œuvre de chair avec son épouse légitime. La mère d'Ingeburge, Sophie de Polock décéda cette année-là. Le 6 décembre 1199, Innocent III convoqua un concile à Dijon qui cassa le mariage de Philippe et d’Agnès. Philippe II fut excommunié et le pape se prépara à lancer l’interdit sur le royaume de France.
Le 15 janvier 1200 au concile de Vienne (Isère), devant l’insuccès de ses démarches diplomatiques, le légat Pierre de Capoue jeta officiellement l'interdit sur le royaume de France, ce dont Philippe II n’eut cure bien qu’il s’en offusquât au point d’envoyer de nombreux émissaires à Rome pour faire lever l’excommunication. Le mariage de son fils Louis avec Blanche de Castille ne put avoir lieu sur le domaine du roi de France en raison de cet interdit, et fut donc célébré sans faste en Normandie, alors possession anglaise.
 
La population du royaume de France grondait, ne pouvant recevoir aucun sacrement, les morts n'étaient plus inhumés dans les cimetières consacrés. La situation s'étant éternisée tout l'été, l'air empestait les charniers improvisés et les miasmes menaçaient la santé publique.
 
Pendant ce temps, Anders, qui avait accompagné les évêques danois au Concile, descendait le Rhône vers Marseille où il comptait s'embarquer pour Rome pour une mission que lui avait confié Absalon. Afin d'éviter les marais de Camargue, il avait pris pied à Avignon et remontait la Durance en direction d'Aix quand il fut pris à partie par un groupe de maraudeurs commandés par un chevalier catalan.
Après en avoir occis et féris plusieurs, il fut secouru, sur le point de succomber et après avoir vu tomber ses compagnons, par Hugues des Baux et trouva refuge en sa forteresse. Là il résolut de se venger et de retrouver le félon qui avait tenté de le navrer à douze contre un.
 
C'est ainsi que pour quelques mois, le géant danois fit partie de l'Ost Marseillais.

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