Riwoal est un chevalier breton originaire des Monts d'Arrée. Chevalier sans terres, il a sans doute gagné ses éperons en Terre Sainte, mais aucun document ne permet d'en être certain. On ne trouve aucune mention d'une seigneurie de Trevezel qui n'était alors qu'un tout petit hameau très pauvre qui n'aurait pas suffit à armer un chevalier
Riwoal an Trevezel descendit du navire avec la fatigue d’un homme qui avait affronté des terres lointaines et des batailles sans fin, mais aussi avec la dignité qu’il lui restait d’un passé de chevalier. Sa cotte de mailles, usée par les croisades, portait encore des traces de sable et de sang séché, tandis que son tabard, autrefois éclatant, arborait des armoiries fanées : *d’or au loup passant et au chef denché de sable*. Son visage, marqué par les ans et les privations, affichait une gravité sereine. Petit de taille mais large d’épaules, avec des yeux gris acier et une chevelure brune mêlée de mèches prématurément grisonnantes, il inspirait à la fois le respect et la compassion. Quand il fut conduit devant Hugues de Fer, viguier de Marseille, ce dernier le scruta d’un regard perçant, jaugeant le chevalier mal chaussé mais droit dans ses bottes.
Hugues de Fer, homme au port altier et à la barbe soigneusement taillée, écouta en silence le récit de Riwoal. Le chevalier lui expliqua, d’une voix grave et mesurée, que son ancien seigneur avait péri à Saint-Jean-d’Acre, le laissant sans protecteur ni moyens pour regagner ses terres bretonnes. Hugues se fendit d’un sourire sceptique, amusé par l’idée qu’un homme si visiblement pauvre mais encore armé puisse être chevalier. Pourtant, Riwoal, malgré son humilité, avait ce charisme brut des hommes ayant survécu à mille périls. « J’ai combattu pour la chrétienté, non pour l’or », conclut-il, posant une main calleuse sur le pommeau de son épée émoussée. Hugues, intrigué par cette résilience, trouva en lui un allié potentiel pour la défense de Marseille, car Riwoal, bien que sans le sou, semblait posséder un cœur aussi solide que les murs de la cité.