En 1200, la famille La Font n'a pas encore récupéré le fief de Savines (ce sera le cas en 1282 sous Rodolphe II de La Font) qui est dirigé par la famille de Saint-Marcel. Le chef de famille s'appelle Roland et tire un revenu appréciable du bac qui traverse la Durance en amont de son confluent avec l'Ubaye. Les Saint Marcel ont la réputation d'avoir une santé de fer. Son fils, Giraud, ne mourra qu'à l'âge vénérable de 70 ans !
Roland de Saint Marcel est apparenté par sa mère aux seigneurs du Champsaur, les Bonne. Il est cousin issu de germain de Bosonet, et de Guillaume de Champsaur, le très respecté archevêque d'Embrun.
C'est un chevalier pieux et cultivé, parlant provençal, piémontais et lisant le latin. Chose rare à l'époque ; Roland s'intéresse aussi à l'art de la forge et entretient une amitié solide avec Fabre, le forgeron de Réallon à qui il a commandé une épée énorme que seule sa force prodigieuse permet de manier. Il a par ailleurs encourage un jeune apprenti piémontais du nom de Fauri à installer une petite forge dans le village de Lantheaulme, au carrefour de la route de l'Italie qui suit l'Ubaye et de celle de Briançon. Là, Fauri produit des fibules et d'autres articles de précision qui permettent de tirer le plus grand profit des ressources limitées en minerai de la région.
Voyant son cousin partir en guerre, avec la bénédiction de son évêque et ses arrières assurés, Roland part en expédition, pas mécontent d'étrenner son épée sur de vrais adversaires.