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HK 68 : Becel de Beignon

Il y a à Vannes un vitrail moderne qui porte de très belles armes d'hermine à la croix d'azur. Le passionné d'héraldique n'aura pas à chercher longtemps pour comprendre leur présence : ces armes furent portéees par Jean-Marie Becel, Evèque de Vannes à la fin du XIXème siècle.31945382_2061706040738790_202260034422308864_n.jpg

On pourrait se contenter de penser que Monseigneur Becel, qui n'en avait pas, sortit ses très belles armes de son imagination. Mais je ne me suis pas arrêté là.
En explorant la généalogie de la famille Bécel, je me suis aperçu qu'elle était originaire de la région de Beignon dans le Morbihan.

Dans cette région se trouve le minuscule village se Saint-Malo de Beignon, appelé ainsi car il s'élève sur le site de l'ancienne résidence d'été des évèques de Saint-Malo.

Et ce village possède un blason, que voici :

600px-Blason_ville_fr_Saint-Malo-de-Beignon_(Morbihan).svg.png

Ce ne pouvait être une coïncidence. Je me résolus à contacter l'évéché de Vannes pour leur demander si les papiers du Monseigneur avaient été conservés.

C'est là que le hasard me vint en aide. Alors que j'attendais toujours la réponse de l'évéché, je parlais de mes recherches au Père Louis, un curé aujourd'hui agé qui avait longtemps tenu ma paroisse de Marseille.
Par chance, Louis avait fait son séminaire avec Jacques, le secrétaire de l'actuel évèque de Vannes. Il prit son vieux Nokia dans sa soutane et l'appela devant moi.
Quelques minutes plus tard, sans que j'ai très bien compris comment, m'étant contenté de hocher la tête quand Louis m'interrogeait du regard, je me trouvais nanti d'un rendez-vous une semaine plus tard pour explorer à ma guise les archives épiscopales.

Quelques jours plus tard, ayant laissé ma chérie à Guérande chez une amie commune, je me rendais à Vannes. Jacques m'attendait. Un vieux classeur en cuir posé sur une table d'une modeste pièce remplie d'archives. Toute la pièce sentait bon la cire et l'encaustique.

Après quelques recommandations, il me laissa commencer mes recherches. Tout était là. Dans la belle écriture aux pleins et déliés de la plume de Jean-Marie Becel.

Son ancètre, Bécel de Beignon, avait été le fils de l'intendant de la résidence d'été de l'évèque de Saint-Malo.

C'est dans cette résidence que s'était tenue en 1196 l'Assemblée des plus puissants seigneurs de Bretagne au cours de laquelle sa mère Constance, veuve de Geoffroy Plantagenêt, frère de Richard Coeur de Lion et de Jean sans Terre avait fait jurer à l'Assemblée fidélité au jeune Prince, agé alors de seulement 9 ans.

Bécel n'avait alors que 4 ans de plus, mais fut témoin de ce serment, servant de page à l'évèque durant les festivités.
Le jeune Arthur s'étant pris d'amitié pour lui, Constance proposa à l'évèque d'emmener avec elle le jeune Bécel, et c'est ainsi que le petit Breton suivit le Prince Plantagenêt pendant les 3 années suivantes.

Pieux, Franc et Loyal, il partagea son éducation aux armes et était déjà un écuyer confirmé quand la nouvelle de la mort de son oncle Richard sous les murs de Chalus firent d'Arthur un prétendant logique au trône d'Angleterre, et surtout à régir les immenses territoires des Plantegenêt sur le continent.

Mais sa grand mère Aliénor, pourtant agée déjà de 80 ans, ne l'entendait pas de cette oreille et apporte tout son soutien à son oncle Jean.

Cette position est bien acceptée par le baronnage Anglo-normand, en Poitou et en Aquitaine. Toutefois les barons d’Anjou, du Maine et de Touraine le refusent en évoquant un principe de droit angevin. L’héritier du duché de Bretagne pénètre en Anjou, confiant dans le soutien des aristocrates angevins. En mai, il rencontre Philippe Auguste et lui prête hommage pour les comtés Arthur a derrière lui le soutien de sa mère Constance, des évêques de Vannes et de Nantes, de l'abbé de Saint-Melaine de Rennes et d'importants barons bretons dont Geoffroy III de Chateaubriant, Guillaume II de la Guerche, Geoffroy II d'Ancenis, Conan Ier de Léon et André III de Vitré. Ces personnages, ainsi que quelques seigneurs français, reçoivent différentes terres angevines. Arthur nomme sénéchal d’Anjou et du Maine Guillaume des Roches. Jean sans Terre est toutefois le grand gagnant de la compétition puisqu’il devient roi d’Angleterre et duc de Normandie. Guillaume des Roches parvient très brièvement à réconcilier Arthur avec son oncle. Mais dès la fin septembre de l’an 1199, l’enfant se met à nouveau sous la garde du roi de France. Il reste à Paris deux ans.

C'est pendant cette période que soucieuse de sceller des alliances et de tisser sa toile comme sa belle mère Aliénor avait si bien su le faire, Constance délègue Bécel à Marseille avec pour mission d'assurer Roncelin de son soutien. Par là même elle espère se concilier le Comte de Toulouse et le Dauphin de Viennois alliés déclarés pour le premier et spoutien discret pour le second de la rébellion phocéenne.

Bécel y restera quelques mois, se distinguant et obtenant ses éperons d'Hugues de Fer. C'est alors qu'il choisit de briser les armes de Bretagne par la croix d'Azur de Marseille créant ainsi son blason.

Mais dans le même temps, Jean Sans Terre avance ses pions et en au Traité du Goulet, Philippe Auguste le reconnaît comme l’héritier de la totalité de l’empire Plantagenêt. Abandonnés par le capétien, Arthur et sa mère n’ont d'autre choix que de prêter hommage au souverain anglais pour la Bretagne. Bécel rentre de Marseille pour mettre son épée au service de son seigneur et ami.
En septembre 1201, la duchesse Constance meurt. Arthur devient le nouveau duc de Bretagne.

En avril 1202, Philippe Auguste rompt la paix faite avec Jean sans Terre et par conséquent, favorise à nouveau Arthur. Le jeune prince participe à la campagne du roi de France en Normandie. Bécel est à ses côtés.
Après la prise de Gournay-en-Bray, Arthur est armé chevalier par Philippe. Ce dernier va jusqu’à le fiancer à sa fille Marie. Il est proclamé duc de Bretagne, comte d’Anjou, du Maine, de Touraine et de Poitou. À charge pour lui de s’emparer de ces territoires. Âgé de 15 ans, Arthur peut maintenant jouer un rôle plus actif. Toutefois son élan est vite stoppé : en août 1202, alors que l’adolescent assiégeait la ville de Mirebeau (près de Loudun) où était réfugiée sa grand-mère Aliénor d’Aquitaine, principal soutien de Jean sans Terre contre Philippe Auguste, Guillaume de Briouze le capture. Ce dernier le détient sous sa garde à Falaise puis à la Tour de Rouen.
Bécel quant à lui a réussi à s'échapper et se réfugie dans la clandestinité

Avec l'aide de Robin de Locksley, Comte de Meulan et agent de Philippe Auguste, il tente de faire évader Arthur de la Prison de Rouen ou Jean le détient. Malheureusement, le jeune Prince se noie dans la Seine dans la tentative.

Bécel, quant à lui partira cacher sa honte en Croisade, puis rentrera à Beignon, confesser toute l'histoire à l’Évêque de Saint-Malo. Il abandonnera le métier des armes et reprendra humblement les fonctions de son père auprès de l’Évêque.

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