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HK 77 Nicolas d'Assas de Mahaut

Quand le sage montre la Lune, l'Imbécile regarde le doigt (proverbe chinois)

 

En 1103 Rostagnus de Arsads, (Rostang d'Assas) vassal du comte de Melgueil. Entreprend la construction d'un château en pierre sur la motte qui surplombe le petit village d'Assas, au Nord de Montpellier, à l'ombre du Pic-Saint-Loup. De très ancienne noblesse Carolingienne, les Melgueuils se retrouvent en 1130 sans héritier mâle et le Comté tombe en quenouille au gré des mariages et remariages de la comtesse Beatrix, ce qui laisse aux Assas une autonomie locale réelle.
Succédant à son père en 1134, Pons d'Assas répond épisodiquement au ban de ses suzerains successifs, Raymond de Provence ou Bernard d'Alès, mais sans grand zèle. Il préfère chasser le sanglier sur ses terres, administrer sagement ses domaines en supervisant le défrichement et la mise en culture de nouvelles parcelles, attirer laboureurs et artisans qui œuvrent depuis le village à approvisionner les marchés de Montpellier, et, dit-on, multiplier les conquêtes féminines.
Il se marie 3 fois et on lui connaît 12 enfants légitimes ayant survécu. Le nombre de ses bâtards réels ou supposés est impossible à déterminer.
Malgré la relative aisance de la Seigneurie, Pons sait que ses enfants légitimes devront se partager l'héritage, aussi, réserve t il un autre legs à ses bâtards préférés : l'éducation.
Nicolas naît en 1166, il est le fils de Mahaut, une jeune femme que Pons a délivré alors que des pirates Mauresques s'apprêtaient à l'embarquer comme esclave vers les Baléares. Mahaut cheminait vers Compostelle depuis le Grésivaudan avec ses parents quand les barbaresques avaient attaqué les pélerins du coté de Maguelone. Orpheline de bonne famille, elle avait refusé de repartir vers sa région natale, craignant le sort que lui réserveraient ses oncles pour s'emparer de ses possessions et finalement, était devenue la maîtresse de son sauveur.
A 15 ans, le jeune Nicolas commence à suivre les enseignements des faculté de droit et de médecine de Montpellier, la première très réputé pour l’enseignement de Placentin de Bologne, la seconde pour celui (fait unique en Europe chrétienne) de médecins juifs et arabes.
De Placentin, il apprend surtout l'éloquence et une rare capacité d'argumentation. Il n'achève pas ses études de médecine, et part avec son professeur vers Bologne, où il lui sert de secrétaire de 1183 à 1189, et il s'y marie avec Imeria, fille d'un négociant.
Bien que fort studieux, il n'a jamais renoncé, depuis son enfance au château d'Assas, à s’entraîner aux armes et s'est toujours imposé une discipline de fer : 3 heures d’entraînement pour 6 heures d'étude par jour, chaque jour sauf le Dimanche. Quand Placentin décide de rentrer à Monpellier (où il finira ses jours après avoir crée l'école de droit romain) Nicolas reste auprès de sa jeune femme qui attend son premier enfant.
Puis, l'année suivante, c'est tout naturellement qu'il prend la place de son beau-père vieillissant, pour accompagner une expédition commerciale vers les échelles du Levant.
Quand il arrive, la situation des affaires familiales est compromise. Le comptoir de Gibelet a été pris par Saladin deux ans plus tôt, et les agents commerciaux établis par son beau père se sont réfugiés à Tripoli, où règne une concurrence féroce, et les affaires vivotent.
Son arabe, appris sur les bancs de la faculté de médecine lui est alors d'un grand secours, et avec l'aide de marchands syriaques, il rebâtit un réseau de correspondants afin d'acheter épices, remèdes rares et étoffes précieuses qui filtrent depuis Damas à travers les cols de montagne que tiennent les farouches Maronites.

Chevalier, marchand et médecin, il joue habilement de ses diverses identités pour être admis dans tous les cercles, et sait rendre service pour s'y faire de nombreux amis et continuer à redéployer son réseau malgré la Troisième Croisade, qui, il est vrai, fait surtout rage nettement plus au Sud.

Quand la paix est enfin signée en Septembre 1192, il fait partie des premiers marchands à profiter du libre passage vers Jérusalem. Mais il se rend vite compte, qu'il n'en tirera qu'un bénéfice spirituel. Il visite les Lieux Saints avec dévotion, mais s'en revient à Tripoli sans avoir trouvé de nouvelles affaires.

 

Il s'empare de l'occasion de la paix précaire qui s'installe alors pour tenter un audacieux voyage vers Bagdad, en essayant de remonter aux sources de la Soie, non pour court-circuiter les intermédiaires, il sait qu'ils seront indispensables, mais en quête d'informations, toujours précieuses lors des négociations. C'est là qu'il entend parler des grands bateaux de bois du Cathay qui commercent via le port de Bassorah, à l'embouchure de l'Euphrate. Il descend alors l'Euphrate et par chance parvient dans l'antique port cosmopolite au moment ou une imposante flotte de jonques y mouille dans l'attente de la mousson favorable pour repartir vers les Indes et le Cathay.
Sa large culture, son don des langues et ses connaissances médicales et botaniques font les délices du mandarin Wang Chengda, officier administratif de la flotte avec lequel il échange longuement. On retrouve d'ailleurs, en cherchant bien, des traces des informations qu'il livre dans la dernière œuvre inachevée du cousin de Wang, Fan Chengda, l'éminent poète et géographe de Suzhou.

Sous l'influence de Wang, et sans bien comprendre toutes les références, Nicolas se pénètre de philosophie bouddhiste et taoiste. Une influence que l'on retrouve dans ses étranges armes d'azur au doigt d'argent pointant vers une lune d'or et sa devise « Vigilavi lunam vides digito » (Je montre la Lune, Tu regardes le doigt)

 

En 1195, Nicolas regagne Bologne où il coule des jours paisibles, administrant à distance le réseau commercial qu'il s'est constitué, tout en devenant un jouteur redouté dans tout le Nord de l'Italie, un jurisconsulte apprécié, et en pratiquant discrètement la médecine pour ses amis les plus proches et quelques grandes familles.

Mais le bonheur est de courte durée. Iméria et leurs trois enfants meurent de la rougeole lors de l'épidémie de 1198. En 1199, l'entreprise familiale fait faillite suite au naufrage d'un bateau ramenant de la soie dans lequel son banquier avait investi aussi sans le lui dire voulant profiter de l'aubaine. Les deux sont alors ruinés. Fou furieux, Nicolas passe le banquier au fil de l'épée au terme d'un bref duel et prend la fuite avec les maigres bien qu'il peut sauver et un écuyer.
Il traverse les Alpes et trouve refuge dans la famille de sa mère, qui, contre toute attente, lui fait bon accueil.
La génération précédente ayat disparu c'est auprès de son cousin, Jean de Theys qu'il se trouve au moment où l'on apprend que le Comte d'Albon, Dauphin de Viennois, lève le ban pour aller en découdre avec le Roi d'Aragon. Jean de Theys le présente alors à son Suzerain, ravi d'avoir à ses cotés un guerrier chevronné, lettré et savant de surcroît.

Après cette brève campagne, la seule, finalement qu'il aura jamais menée au sein d'un Ost. Nicolas prononcera ses vœux et finira sa vie à l'Abbaye d'Aiguebelle, dans la bibliothèque de laquelle se trouve encore l'autobiographie manuscrite inédite qui sert de base à ce récit.

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