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u402 Troupe de Chevaliers des Alpes

HK 5 Chevalier Laugier d'Agoult de Gordes (84)
HK 6 Chevalier Laugier de Banon (05)
HK 26 Hugues de Gières de Sigoyer (05)
HK 7 Chevalier Mayol Dallemagne (04)
HK 28 Pons d'Allons
HK 30 Roland de Saint Marcel, Seigneur de Savines
HK 51 Arnaud de Flote

- Soyez le bienvenu, Comte Guillaume, en ces lieux de prière.

Bertrand avait vieilli. Le dynamique prieur qui avait commandé et supervisé 800 pieds carrés de somptueuses mosaïques qui faisaient la gloire de l'abbaye clunisienne de Ganagobie avait fait place à un petit homme sec et chenu, appuyé sur une canne, il avait, sans surprise, été élu abbé quelques années plus tôt. Son regard, brouillé par la cataracte semblait traverser le puissant Comte de Forcalquier, protecteur des lieux.


- Merci, messire Abbé, je vois que les travaux de rénovation de l’hôtellerie avancent bien ?
- Grâce soit rendue au seigneur qui nous a épargné les intempéries et à votre générosité, Monseigneur. Mais nous ne sommes pas encore prêts à recevoir les pèlerins. Il s'en faut d'encore un mois, si tout va bien.

 

Le prieuré de Ganagobie, bien que dépendant nominalement de Cluny, devait sa richesse à sa position stratégique sur une grande voie commerciale et à la protection du Comte de Forcalquier.

L'abbaye est située 350 mètres au-dessus du lit de la Durance, sur un étroit plateau bordé d'abrupts. La voie Domitienne qui longe ce plateau constituait, à l'époque gallo-romaine la route « la plus courte et la plus sûre » selon Strabon entre l'Espagne et Rome. C'était encore le cas au Moyen-Âge. On peut d'ailleurs voir au pied de la colline de Ganagobie un pont romain enjambant le Buès et qui est encore utilisé.

- Messire abbé, je n'abuserai pas de votre hospitalité. J'ai donné rendez-vous céans à mes gens qui arriveront demain, mais j'ai pourvu à leur ravitaillement, et ils pourvoiront à leur couche, nous n'occuperons une de vos pâtures qu'une nuit, et repartirons dès le lendemain. Si quelques dégâts survenait, vous en informerez Mestre Bertrand, ici présent, et j'en fais le serment, je paierai pour leur réparation.

- C'est entendu, mais vous serez tous les bienvenus pour entendre les vêpres et les laudes. Pour les autres prières, nous les faisons sur place, là où nos travaux nous ont placés, mais vous pourrez vous unir à ces prières en votre for, aux sons de la cloche.
- Nous veillerons à déranger le moins possible vos travaux et vos prières.

Guillaume ressortit calmement et partit superviser l’installation du camp de toile sur le plateau qui jouxtait l'abbaye et duquel on pouvait observer à des lieus à la ronde la vallée de la torrentueuse Durance.

Le lendemain, pour les Vêpres, l'église abbatiale était bondée. Des dizaines de chevaliers, d'écuyers, de sergents piétinaient les minuscules tesselles de grès rouge, de marbre blanc et de calcaire noir qui faisaient vivre, autour de l'Autel une flore et une faune fabuleuse, éléphants, centaures, et griffons dont nul ne doutait d'ailleurs qu'ils existaient bien quelque part dans le vaste Monde. Dans une absidiole sud, on voyait un taureau à tête humaine, deux médaillons enfermaient une harpie et un cerf. Un décor végétal, inspiré des tapis ramenés par les Croisés complétait ces mosaïques. D’autres animaux fantastiques ornaient le deuxième transept, dont certains marqués, comme sur les textiles sassanides, d’une croix pattée noire. Le bras sud contenait un Saint Georges tuant le dragon, allégorie que les chevaliers se désignaient d'un doigt admiratif. Ailleurs, sur le sol, une lutte de monstres et de cavaliers s'entrelaçait.

A l'issue du service, Guillaume rassembla ses gens au centre du camp. La lumière rougeoyante du couchant donnait à la scène un parfum de cendres et de sang, comme un augure des jours à venir.

- Mes fidèles vassaux, et vous écuyers, sergents et braves hommes des Alpes !
Vous avez honoré vos serments en répondant à mon ban. J'honorerai le mien en vous menant à cette juste bataille pour défendre les libertés et privilèges dont le Roi d'Aragon entend nous dessaisir. Nos alliés sont nombreux. De Marseille, de Toulouse, de Nice, et peut être, demain de Vienne sur le Rhône, tous accourent pour défendre au Roi d'Aragon de s'arroger le pouvoir qu'il n'a pas.
Aujour'hui, il voudrait choisir le Vicomte de Marseille ? Et demain quoi ? Il a voulu me forcer à faire de lui son héritier. Le laisserez-vous devenir votre suzerain ?

- JAMAIS ! Répondirent les hommes avec ferveur.

- Alors dès demain nous marcherons. Le Loup Bleu ?

-Seigneur ?

-Tu pars céans, vers Manosque, au trot, tu devrais arriver avant la nuit. Tu ta caches derrière ses murailles, la gardes est prévenue. Tu prends les chevaliers que je te désignerai et tous les sergents à cheval. Demain matin, à l'aube, tu passes le gué de la Fuste, nous y arriverons en même temps que toi. Si les Aragonais veulent t'empêcher de passer, ils auront une surprise.

- Oui Seigneur.

- Allez, va !

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