c Guide des croisés
Elie Moawad est un Chrétien Maronite de Zghorta, village situé au dessus de Tripoli dans la Montagne Libanaise. Eduqué, il sait bien sûr son grec et son arabe mais aussi le latin, et le Provençal, langue internationale de l'époque. A ce titre, le Patriarche l'a envoyé préparer l'importante visite pastorale qu'il doit effectuer à Rome en 1201 et qui scellera l'ancrage de l'Eglise Maronite dans la chrétienté occidentale pour les siècles à venir.
Mais à coté de ses fonctions diplomatiques, son activité de guide et d'interprète des Croisés l'a amené à démontrer quelques valeurs militaires qui n'ont pas manqué d'impressionner des chevaliers francs pourtant emplis de préjugés à l'égard des chrétiens orientaux. A tel point que c'est sur le champ de Bataille qu'Elie a été adoubé chevalier, privilège exorbitant qu'il doit moins à sa noble naissance – sa famille est l'une des deux principales de Zghorta – qu'à ses exploits et à l'amitié et la confiance qu'il a su susciter chez les Templiers.
Pour conserver cette confiance, et sa réputation chez les Francs, il doit s'acquitter d'une dette d'honneur à l'égard de Pierre de Villiers. Aussi prend il l'occasion du présent conflit pour solder sa dette en se rangeant sous la bannière de l'Abbaye de Saint-Victor, afin, au passage, de conserver un lien avec un établissement religieux justifiable auprès de sa propre hiérarchie.
C'est aussi un poète qui compose en arabe et en grec des chants épiques qui lui vaudront à son retour au village le surnom de « El Chaar ». Tandis que ses rivaux, pour moquer sa soumission supposée aux français appeleront son fils ainé Selim « Al Franj », ce qui serait le point de départ des différences entres les familles Frangieh et Moawad qui bien des siècles plus tard se disputent toujours la suprématie sur la ville et ont donné chacune un Président au Liban.