UA-111954829-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

HK 53 Paul Garance, sire de la forêt de Carnoët

Lieu des errances héroïques, la forêt est, dans la mentalité médiévale, un espace de l’étrangeté, où le chevalier côtoie des fontaines fabuleuses, des châteaux d’étapes, des passages redoutables à franchir (les ponts sont très nombreux), des forteresses frappées de coutumes barbares.

Elle est très peu décrite car elle est avant tout symbole du désordre du monde, de l’irrationalité naturelle, du surprenant. Le merveilleux y règne: fontaine dont l’eau bout tout en demeurant froide, hommes décapités qui replacent leur tête sur leurs épaules, tombes qui parlent... Tout un monde féerique qui rattache le roman arthurien à l’univers celtique.

La forêt est aussi un lieu d’expériences vécues car les branches fouettent le visage lorsque le sentier est trop étroit. Il peut y faire très chaud ou très froid; le chevalier peut y dormir, il peut trébucher sur les pierres des chemins (Galehaut dans la forêt Glorinde).0282_af__1636486387790249984_o.jpg

Tout ce qui est clair est beau et bon au contraire des espaces d’obscurité, où le chevalier peut se perdre au milieu des périls qui le guettent.

C’est pourquoi, comme l’écrit Jacques Le Goff: «La forêt et la nuit emmêlées sont le lieu de l’angoisse médiévale [...] Un grand manteau de forêts et de landes trouées de clairières cultivées plus ou moins fertiles, tel est le visage de la chrétienté, semblable à un négatif de l’Orient musulman, monde d’oasis au milieu de déserts.» Lorsque le christianisme advient en Europe, il le fait au détriment des arbres, refuges des fées, des magiciens et d’autres créatures de l’imaginaire populaire. C’est aussi le domaine des bêtes et des gens de mauvais aloi, des loups et des brigands. Pourtant, plus qu’à ces périls réels mais limités, c’est à des terreurs imaginaires que le paysan médiéval associe l’univers forestier. Seuls les ermites et les chevaliers errants, c’est-à-dire des gens qui fuient le monde par vocation ou par obligation, sont assez «fous» pour s’y confronter.0283_af__9148726097955782656_o.jpg

C'est ainsi que ses contemporains percevaient Paul Garance. Loin de s'en offusquer, le chevalier adopta des armes le représentant en Centaure, Sa culture classique était rarissime à l'époque, mais accessible dans quelques monastères bretons, via les liens avec l'Irlande. Ce mythe antique, il l'adopta comme emblème, réponse sarcastique aux terreurs que son mode de vie sylvestre occasionnait.

Garance écrivait en breton, teinté de gallo, et dans une graphie toute particulière, mâtinée d'oghams irlandais ce qui explique que ses œuvres ne furent redécouvertes et traduites que fort tard. C'est par déduction, par un faisceau d'allusions éparpillées qu'on pense qu'il participa aux disputes provençales avant de réintégrer ses forêts profondes.

Les commentaires sont fermés.