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HK 65 : Ntchororo de Diogo

L'histoire de Diogo est pleine de mystères et d'hypothèses. Son nom, déjà varie selon les sources. Les rares mentions postérieures le nomment Diego, Diogo ou même Diallo. Selon une version du XIVème siècle il s'agirait d'un Maure converti au christianisme et renommé Charles-Jacques par son baptème. Une obscure mention dans la biographie d'un chevalier normand parle de sa rencontre avec le "miles mauri Nechorerus".
Bref, il a fallu beaucoup de travail à l'écrivaine franco-gabonaise Anne Issembé-Cousin pour reconstituer une biographie romancée mais plausible de cette figure mystérieuse dont on retrouve quelques mentions des années 1190 à 1220 dans la cité phocéenne et ses alentours.

Selon cet auteur, je jeune Ntchororo serait volontairement monté dans un bateau de commerçants Almohades venu jusque dans les eaux du Golfe de Guinée échanger produits manufacturés contre de rares épices.
Pensant le revendre comme esclave, à son retour à Salé (alors principal port sur le Maroc Atlantique) le capitaine se serait pris d'amitié pour lui et l'aurait converti à l'Islam.
Vivant à Salé quelques années sous le nom d'Ali Omar, il grandit et à l'âge adulte semble être devenu un colosse selon les critères de l'époque.
Dans ce port très prospère, il apprit aussi à lire, écrire et de nombreuses langues dont l'espagnol, le provençal et le génois.
Malheureusement, le sac de Salé en 1260 nous prive très certainement de preuves sur cette période et l'on ne peut que deviner qu'il finit par rencontrer et s'associer avec un marchand Marseillais connu par une charte commerciale en latin sous le nom de Ranierus.

Le 1er Mai 1190, jour de la Saint-Jacques, il est baptisé Carlo Diego (Charles-Jacques en Castillan) à Compostelle. Son parrain est noté sur le registre Ranierus Massiliensis (Reynier de Marseille). Selon Anne Issembé-Cousin il aurait accompagné Reynier en tant que Garde du Corps et interprète, mais sa peau foncée lui aurait attiré l'hostilité des locaux, engagés dans un bras de fer avec les Almohades. Sa spectaculaire conversion aurait été instrumentalisée par le clergé local comme un miracle de plus à attribuer à Santiago et un bon présage pour la Reconquista de la Péninsule.

On retrouve ensuite un acte notarié de 1194 par lequel Reynier accepte de verser une somme de 5 livres à un dénommé Borel, en réparation des dégats causés par "le noir de sa suite". Un style laissant penser que Diego est encore doté d'un statut social subalterne à cette date.

En 1198, cependant, on trouve une lettre cachetée du viguier de Marseille, Hugues de Fer, prenant acte que les obligations militaires de Reynier sont effectivement remplies sous la forme de la mise à disposition du "Garnisari Diogo" (le soldat de garnison Diogo).

Et en 1200, justement, le "Cavalié Diogo" est mentionné parmi une liste de chevaliers dépêchés pour renforcer  la garnison de Bac de Tarascon à Beaucaire, menacée par les Arlésiens. On devine l'importance de ce bac, puisque les autres points de traversée du Rhône sont tenus par les partisans des catalans et que c'est donc le meilleur point de contact entre les terres de Marseille et celles de Toulouse.

 Enfin en 1220, un contrat en Franco-Normand entre la Maison Reynier et un marchand lyonnais porte la signature en tant que témoin du "Chevalier Charles-Ntchororo de Diogo". Détail précieux, ses armes y sont figurées : de gueule au Pairle d'or, accompagné de 3 croix ancrées du second.

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