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HLI Marius Savi dit "Cuculo Verd" chef des javeliniers de la Sainte Baume

1162, dernière phase des guerres Baussenques. Un hameau perdu dans les collines. Le jeune novice sort du bosquet de chênes lièges où il s'était réfugié quand le mercenaire, découvrant sa tonsure l'a épargné en se signant. Les catalans sont enfin partis. Il n'a que 16 ans. Le silence règne. Glacial comme le mistral qui souffle et dépose une fine pellicule de givre sur la végétation. A droite des corps. Trois hommes, deux femmes. Raides. A gauche encore une femme serrant un enfant. Tous deux couverts de sang. Le moinillon croit entendre un gémissement. Il s'approche. La femme est morte, mais l'enfant respire encore malgré son crâne défoncé.

1197. Du haut de ses 6 pieds, le chasseur regarde silencieusement le vieux moine qui ne l'a pas entendu entrer. Il montre quelque chose sur une carte à ses deux invités tout aussi charpentés que lui. L'un a la peau d'ébène et porte la robe de bure des moines. L'autre, roux à la peau de lait, est en habits civils de bonne facture.

 

Il attend quelques secondes avant de s’éclaircir la voix et d'appeler doucement.
- Mon père ?
Le petit homme mince se retourne. Il n'a pas encore soixante ans, mais sa vue a pâti de longues heures de copie et son ouïe diminue déjà. Mais dès qu'il identifie son visiteur, son sourire éclaire son visage.

- Ah Marius ! Mon fils quelle joie de te voir ! As tu fait bonne chasse ?
- J'ai ramené un beau singlar au Cellerier.
- Ah c'est bien. Nous aurons donc de la daube après le Carême. J'en suis bien aise. Merci Marius Savi. Assieds toi là avec nous. Tu connais Basile et Sire Arnulphe ? Mais oui, bien sûr... Tu sais quel jour nous sommes aujourd'hui ?

 

Marius ôta son masque de cuir et s'assit. Le prieur sembla ne pas remarquer les traits atrocement difforme du chasseur.

 - Oui mon père, il y a aujourd'hui 35 ans que ces maudits catalans ont tué ma famille et que vous m'avez soigné et sauvé.

- C'était la guerre, tu dois pardonner.

- Que Dieu leur pardonne. Moi, je ne le puis.

- Alors qu'il te pardonne aussi. J'ai un cadeau pour toi Et Arnulphe aussi.

Le chevalier Normand était jusqu'ici resté silencieux. Hôte depuis peu de l'abbaye il était entouré d'une aura de mystères et de racontars dont Marius n'avait cure. Il avait immédiatement apprécié les manières polies et réservées du colosse dont le physique était tout aussi musculeux et énergique que le sien et qui n'avait jamais hésité à le regarder dans les yeux qu'il ait porté ou pas son masque de cuir.

- Marius Savi, tu es un bon chasseur et un homme courageaux. L'abbé m'a chargé d'organiser la garde de ce prieuré de la Sainte Baume et j'ai pensé à toi pour diriger une des troupes.

- C'est beaucoup d'honneur Seigneur, mais...

- Ne m'appelle plus Seigneur à l'avenir, je suis sur le point de prononcer mes vœux

- …-

Mais ? Tu disais ?

- Mais les hommes me suivraient ils avec mon visage ? Ils disent que je porte malheur.

- J'y ai pensé. Voici mon cadeau.

- Il posa sur la table un ballot de velours rouge. Dépliant le tissu il fit apparaître un heaume très spécial. Englobant toute la tête, avec des fentes pour les yeux et la respiration, il cachait entièrement le visage de celui qui le porterait. Ce type de heaume n'était pas inconnu, mais il était encore fort rare. Un cadeau princier.

- Je ne suis qu'un humble chasseur et ce heaume est fait pour un Prince ?

- Il est à moi, il me fût offert par...

Les yeux du géant s'embuèrent légèrement.

- Qu'importe ! Je respire mal dedans, et.... pardonne moi mon ami, mais tu sais que tu en auras plus l'usage que moi.

Sans plus de façon, les deux hommes se donnèrent une franche et longue accolade.

Basile à son tour présenta son cadeau. Un écu triangulaire peint de couleur azur et portant l'escarboucle de Saint Victor.

- Tu verras, il est léger et maniable. Je t'apprendrai à t 'en servir aussi bien pour parer que pour ferir. Trop léger pour un cavalier, il sera parfait pour toi à qui j'apprendrai le combat à pied de chez moi, il te sera indispensable dans nos collines escarpées.

Enfin le vieux moine déposa son présent sur la table. Une cape à capuchon, de la même coupe que celle des moines, mais taillée dans une bure teinte en vert profond.

- Nous avons eu un accident aux foulons. Nous cherchions à obtenir un noir plus profond pour la bure de nos habits monastiques, et tout un lot de bure à viré ainsi quand nous l'avons laissé sécher au soleil. Plutôt que de la reteindre, j'ai pensé que nous pouvions l'utiliser comme présent pour toi et la troupe que tu dois commander. J'ai fait faire ce vêtement pour toi, tu distribuera trois pieds de la même bure à chacune de tes recrues pour qu'ils s'en fassent un manteau. Ainsi, quand vous serez à l'agachon, le gibier ne vous verra pas...

- Et les catalans non plus ! répondit Marius en riant.

 

1200

Marius ! Maaariuuuuuuus !

Le colosse brun remontait à toutes jambes. Le géant roux, débalait la colline en l'interpellant.

- Marius ?
- Oui frère Arnulphe.

- Va immédiatement à Chateau-Gombert, prévenir Gombert de se mettre en alerte. La vallée de l'Huveaune et la Route d'Azaï sont bien défendues, mais il pourrait être le maillon faible si les catalans s'avisent de passer par Trets et les collines entre l'Etoile et le Garlaban.

- Les Catalans ?

Ce mot n'évoquait aucune image précise pour lui. Juste une horreur sans nom. Celle qu'il lisait dans les yeux des rares personnes qu'il laissait le regarder sans l'un de ses masques.

- Ils sont décidés à punir Marseille d'avoir choisi Roncelin comme Vicomte.

- Mais l'abbé, pardon, Sire Roncelin n'a pas eu le choix ! La populace l'a arraché à ses prières ? Et c'était il y a des années ! Et le pape...

- Je sais tout cela, mais je viens d'avoir des nouvelles d'Azaï. Fais ce que je te dis. Nous discuterons à ton retour de ce que nous ferons pour défendre la Ville, l'Abbaye et le Prieuré.

Saisi d'une rage froide contre ces Catalans qu'il imaginait coupables, forcément, de tous les coups du sort de sa vie, il prit la route.

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