Ermesinde d'Alleins, née vers 1175 dans le village provençal d'Alleins, est la fille unique de Volvevard d'Alleins, seigneur local réputé pour sa bravoure. Le château familial, en grande partie troglodytique, est perché sur un éperon rocheux dominant la plaine entre Salon-de-Provence et le Luberon, offrant une vue imprenable sur les paysages vallonnés et les champs d'oliviers caractéristiques de la région.
Dès son plus jeune âge, Ermesinde est initiée aux responsabilités seigneuriales, son père n'ayant pas de fils pour assurer la succession. Elle reçoit une éducation noble, apprenant la gestion des terres, l'administration du domaine et les rudiments de l'art militaire, compétences rares pour une femme de son époque.
En 1190, à l'âge de 15 ans, elle épouse Bertrand, l'écuyer de son père, un homme valeureux et loyal. Leur union est brève mais heureuse, marquée par la naissance de leur fils, Rostang, en 1193. Cependant, le destin frappe durement : Bertrand meurt en 1195 lors d'une escarmouche contre des brigands menaçant les terres d'Alleins. Trois ans plus tard, en 1198, Volvevard succombe à une maladie, laissant Ermesinde veuve et orpheline à 23 ans, seule héritière du château et des terres d'Alleins.
À la fin du XIIᵉ siècle, la Provence est une région instable, convoitée par de puissants seigneurs. Le roi d'Aragon, désireux d'étendre son influence, envisage d'attribuer le fief d'Alleins à la famille des Porcelet, fidèle à sa couronne, au détriment d'Ermesinde et de son jeune fils. Refusant d'être dépossédée, elle décide de défendre son héritage. Profitant de la rébellion de Roncelin de Marseille contre l'autorité royale, soutenue par le comte de Toulouse, elle s'allie aux insurgés. Revêtant l'armure de son père et maniant l'épée de son défunt époux, elle prend les armes, défiant les conventions de son époque qui cantonnent généralement les femmes nobles à des rôles passifs.
Ermesinde se distingue par son courage et sa détermination. Sa présence sur le champ de bataille inspire ses vassaux et renforce la résistance contre les forces aragonaises. Son charisme naturel et sa capacité à diriger des hommes forgent sa réputation de femme d'exception, alliant la grâce de la noblesse à la ténacité d'un chef de guerre.
En 1215, après la reddition de Roncelin de Marseille et son retour à l'abbaye de Saint-Victor, Ermesinde se retrouve isolée politiquement. Consciente des réalités politiques et désireuse de protéger l'avenir de son fils, elle accepte d'épouser en secondes noces Guillaume Porcelet, membre de la famille autrefois rivale. Ce mariage scelle une alliance stratégique, garantissant la sécurité du fief d'Alleins. Guillaume adopte Rostang, assurant ainsi la continuité de la lignée des d'Alleins, qui perdurera jusqu'à la Révolution française.
Physiquement, Ermesinde est une femme de stature moyenne, aux cheveux châtains encadrant un visage déterminé. Ses yeux verts reflètent une intelligence vive et une volonté inébranlable. Son éducation et son expérience lui confèrent une prestance naturelle, tandis que les épreuves qu'elle a traversées ont forgé en elle une résilience remarquable. Elle incarne la figure de la femme noble médiévale capable de transcender les limitations imposées par son époque, alliant devoir familial et courage personnel pour défendre son héritage et assurer l'avenir de sa descendance.