Fils de Raimond de Vissec, Giraud nait en 1165 au château de son père Raimond. Son frère ainé meurt en 1185, et, alors qu'il a été élevé jusqu'ici pour entrer dans les ordres, il abandonne le séminaire pour apprendre son métier de seigneur.
Situé en aval d’une confluence de vallées (celles de la Vis et de la Virenque), qui seprentent en contrebas du causse désertique, le village de Vissec est remarquable par sa situation en zone de lit sec, au fond d'un cirque naturel là où l'eau de la rivière de la Vis « disparaît » au sortir d’Alzon, précisément au Moulin de Larcy, et la Virenque en fait de même au sein de sa propre vallée. Ce n’est que de manière épisodique, lors de grosses pluies en amont, que la rivière resurgit au sein de son lit. Quelques kilomètres en aval, le cirque de Navacelles est quant à lui situé au-delà de la résurgence naturelle de la Vis.
Des puits alimentent cependant le château et permettent d'arroser les cultures du village et les seigneurs de Vissec, attestés dans les chartes de St-Guilhem du Désert sont réputés pour leur puissance et leur vaillance.
Isolés, entourés de plateaux désertiques, les chatelains ne recevaient que peu de visites, aussi, tous se précipitèrent au créneau quand la trompe retentit.
La vigie, au somme du donjon, avait été confié au jeune Arnaud, petit frère du seigneur qui, à 12 ans, disposait des yeux les plus perçants du château.
« Que vois tu, pitchoun ?
- 5 cavaliers dont au moins deux en armure
-
une bannière. ?
- Oc, Giraud, elle est rouge... attends... -
- Quoi d'autre ? 3 étoiles d'or dessus
- Anduze interrompit frère Gontran, venu de l'Abbaye de St-Guilhem voir son ancien novice
- Oui mon père, c'est notre cousin Bernard... Je suis heureux de le voir, mais surpris de cette visite inattendue... -
Quelques minutes plus tard, les cavaliers rafraîchis et rhabillés confortablement entraient dans la salle commune.
- Viens céans beau cousin, et vous, ses amis, soyez les bienvenus dans ma demeure !
-
L'hospitalité de Vissec est proverbiale déclara Anduze, et je te remercie de l'honorer ainsi. Hélas, je n'apporte que ce modeste cadeau de ma mère à ton épouse, et quelques nouvelles de mon sire et oncle Guilhem de Monpellier.
La riche étoffe d'un bleu éclatant piquée de fils d'or fur déployée sur la grande table de chêne. Elle contenait une superbe fibule d'émail cloisonné sertie de grenats et de nacre.
-
Oh s'écria Guillemette, ma tante est trop bonne ! C'est magnifique !
- Elle l'a commandé auprès d'un artisan Maure établi à Montpellier, pour vous remercier de la tapisserie que vous lui avez fait porter.
- C'est beaucoup trop ! Les yeux de la jeune châtelaine brillaient d'émotion.
Bernard se tourna vers Giraud, l'air grave.
« - Va-z-y cousin, dis moi la vraie raison de ta venue.
-
Mon sire Guilhem a décidé d'entrer en guerre contre les catalans de Provence auprès du tien. Le Comte de Toulouse veut affirmer les droits de Roncelin à la Vicomté de Marseille.
- Je suis son vassal, j'ai reçu l'information, mais il ne m'a pas convoqué formellement à son ban. -
C'est moi qui te le demande. Rejoins-nous.
Giraud croisa le regard épouvanté de sa jeune épouse. Il eût un sourire triste.
- « ma mie, si l'on vient me le demander en personne ainsi... l'honneur commande. Je ne peux refuser sans motifs.
- Mais, vous savez que dans deux mois...
- son sourire s'éclaircit en regardant vers le ventre arrondi de sa dame
- 40 jours, c'est mon serment. Dans 40 jours je quitterai l'Ost et je serai de retour avant le terme. »
Il se retourna vers son cousin, son sourire se ferma et ses yeux se durcirent.
- « 40 jours, pas un de plus, pas un de moins ».