Un fragment de la balade des niçois par Vincent Herelle
En ce matin d'hiver de l'an de Notre Seigneur 1200, le guetteur de la tour de Turbia vit une colonne de cavaliers avancer sur le grand chemin qui venait d'Ysia . Ils allaient passer devant la ville ou du moins sur son col. Il sonna de la trompe. Un homme apparut. Point n'était besoin de l'entendre pour deviner qu'il était d'origine ligure de l'Est et son accent chantant le confirmait. Son nisart sentait fort l'italique mais on le comprenait bien. En outre, il était très respecté. Ce matin, il portait une épaisse casaque de bœuf bouilli sur l'épaule de laquelle étaient peintes des armes étranges : « d’or à la barre de sinople. ».
« Sire Simon, des cavaliers nous arrivent sur la route de Nizza.
- Je les vois. Hum ! Ils sont armés et bien armés et nous sommes bien dégarnis puisque Rostang et sa troupe sont allés à Laguet et ne doivent rentrer qu'à la soirée. Fais sonner la cloche du guet. Je vais voir.
- Soyez prudent, Messire ! »
Simon éclata d'un rire franc. « Je ne mérite point ce nom, Thomas. Je ne suis qu'un facteur d'armes que les circonstances et la faveur de notre maître ont enrichi. Mais je serais prudent. »
Simon descendit à la Porte du Col où il trouva une dizaine de commerçant plus ou moins équipés. « Une sacrée équipe, songea-t-il, et c'est bien peu. Mais l'on fera avec et les murs sont solides. La porte l'est moins malheureusement. »
Il prit rapidement ses dispositions : « Je vais sortir. Dès que serais hors, vous fermerez et barrerez la porte et ne l'ouvrirez que par mon commandement. Pierre, Jean le grand et toi Antoine, vous êtes les meilleurs tireurs. Montez aux archères avec arcs et arbalètes mais ne tirez que si nous sommes attaqués. Johan, dit-il à un géant placide, monte à la courtine et laisse pendre une corde. Si je le dois et si je le puis, j’essayerais d'y grimper en cas de besoin. » Puis il sortit, son chien noir sur les talons. Il entendit la porte claquer comme une pierre d'un tombeau et la barre se mettre en place. Il attendit.
Ce ne fut pas très long. Artus, son bon chien, éclata en abois furieux quand deux hommes apparurent au détour du chemin. « Paix Artus ! Attendons de voir. » Bien dressé, Artus se tut et se posa sur son séant. Les deux hommes de tête de la colonne s'étaient arrêtés. C'étaient visiblement des hommes de guerre, peut être des chevaliers car Simon distinguait des couleurs sur les boucliers, mais ils ne craignaient pas d'attaque car ils ne portaient pas de haubert sur leur gambisson de cuir. Simon s'avança d'un pas décidé et les salua : « Le Seigneur Jésus vous ait en sa Sainte Garde !
- Que sa grâce soit sur vous et votre ville à jamais ! Savez-vous si nous sommes loin de Vintimilia ?
- C'est à moins de 5 lieues, vous y serez bien avant ce soir, messires.
- Pouvons-nous faire une halte par ici et trouver de l'eau pour nos gens et nos bêtes ?
- Il y a une source pas loin. Je vais vous la montrer. »
Simon avança quelque peu et vit que la colonne le suivait d'un pas tranquille. Il n'aimais pas voir tant de gens armés devant ses portes mais on ne refuse jamais l'eau au passant tranquille dans ces contrées où elle est souvent si rare. A cent toises du col se trouvait en effet un bassin de pierres jointes dont on disait qu'il avait été fait par l'Empereur Auguste, celui-là même qui avait construit la Tour, et qui était alimenté par une source claire, abondante encore en cet hiver.
La troupe s'installa. Simon remarqua qu'il y avait sept chevaliers, peut être huit, mais que le reste était surtout constitué d'écuyers et de pages. Il y avait une demi-douzaine d'archers avec le grand arc anglais et une douzaine de serviteurs mais pas de dame. Celui qui lui avait parlé l'avait fait en langue d'oc avec des tournures et un accent étrange mais entre eux ils parlaient un autre langage que Simon entendait mal. Ce chevalier avait un gambisson de cuir gris orné de rubans écarlates aux poignets mais son écu était noir avec un étrange dessin bleu. Son voisin portait un gambisson bleu et son écu des bandes bleues et blanches.
Laissant là ses visiteurs, Simon revint à la ville et se fit ouvrir la porte qu'il passa rapidement et la fit fermer. « Apparemment, ce sont des chevaliers voyageurs et il ne devrait pas y avoir de peine. Mais restons sur nos gardes car le loup prend souvent la toison de l'agneau pour tromper son monde. En outre, ils viennent de loin. » Il rentra chez lui et prit un petit tonneau de vin des collines de Crémat puis revint auprès des chevaliers, toujours en gardant la porte bine close. « Gentil Seigneur, acceptez ce vin de nos collines. Il égayera la pause.
- Grand merci à vous, chevalier.
- Oh non, messire, je ne suis chevalier et ne suis qu'un faiseur d'armes. Le Comte de Vintimille a bien voulu m'accorder ces couleurs. Sans doute qu'il devait être de moi content.
- J'ai connu des chevaliers au cœur bien noir et des artisans qui auraient cent fois mérité les éperons. Le temps n'est pas loin où nos seigneurs n'étaient que des chefs de guerre qui se taillaient des fiefs par la force de leurs armes. » Celui qui venait de parler, quoique jeune encore, avait les yeux d'un homme qui a vu beaucoup de choses et pas toujours gaies, ainsi que la trace de hâle de ceux qui avaient connu le soleil de la Terre Sainte. Il portait un gambisson de tissu molletonné renforcé et son écu ne portait qu'un arbre et une devise peu lisible pour le moment.
- Par où partirons-nous mon ami ? Je pense qu'il nous faudra rejoindre le bord de la mer.
- Certes, mais pas ici. Ce ne serait ni aisé ni prudent. Le rocher que vous voyez ici en bas est tenu par les gens de Zena et ce sont des gens difficiles. Ils nous ont pris le rocher et les villages alentours. Et de plus la côte est abrupte d'ici en bas jusqu'à Vintimille. Il vous faut rester sur les hauts et suivre l'antique voie des romains.
- Pensez-vous que vous puissiez nous donner un guide pour y arriver au mieux ?
- Je vais voir. Mais peut-être serait-il mieux que je vous accompagne. J'ai une commande à porter à messire le comte pour son fils et je dois donc y aller. Ce qui me pèse est que je suis de jour jusqu'à ce soir et que je n'aime point déserter mon poste. »
Simon rentra donc dans la ville et se rendit chez Mathieu le Potier. « Mathieu, peux-tu me remplacer pour prendre la garde de la ville afin que je puisse me rendre auprès de notre sire le Comte tout en guidant ces voyageurs ? » Mathieu accepta tout en faisant bien des mines mais il n'était pas fâché de rendre service à Simon que l'on savait honnête et droit. Il n'y perdrait pas.
Soudain, Simon s'arrêta. « Messire Philippe, je viens de voir un éclat de soleil un peu en avant où il n’y a rien. Je pense que nous allons dans un guet-apens. Arrêtons-nous comme pour une simple halte le temps que nos compagnons nous rejoignent. Traduisez, je vous prie, mon idée à vos compagnons. Je vais m'avancer avec Sieur Albert mais nous prendrons à gauche une sente qui monte comme si je voulais lui montrer une vue. Ainsi nous partagerons l'adversaire et nous lui couperons la retraite. Messire de Hardencourt avec ses archers attendra ici et, quand il me verra tirer mon épée, qu'il envoie des flèches à deux longueurs de cheval à senestre du gros rocher rouge que vous voyez là-bas. Il y a du monde et surtout il ne devrait pas rester longtemps sans cibles pour ses traits. Pour vous, messeigneurs, vos montures ne sont pas aussi bonnes pour les sentiers que le mien ou le cheval de Messire Albert. Il vous faudra avancer doucement le long de la route. J'ai peur que votre rôle ne soit celui de l'agneau dans la chasse au loup.
- Mais ne va-t-on passer nos hauberts ?
- Ce serait montrer aux assaillants qu'ils sont repérés. Il vous faudra compter sur la solidité de vos cuirs. Heureusement que j'ai vu ce reflet car nous aurions été pris entre les fers et le ravin. Ils on bien choisi leur endroit. Ce sont sans doute plus que de simples gredins et ils ne sont pas là pour la picorée. »
Ainsi fut fait. Simon et son compagnon s'élevèrent sur la gauche tandis que la troupe faisait une halte autour de leurs gourdes. Puis les chevaliers reprirent leur marche paisible tandis que les archers se rassemblaient autour du chevalier aux trois aigles. Incapable de converser avec son compagnon, Simon lui montra bientôt un gros bouquet d'arbres en dessous d'eux mais au-dessus de la route. En regardant bien, on distinguait des hommes. Il y avait peu d'armes de jet mais tous portaient des armes contre des cavaliers, crochets et guisarmes. Cela indiquait qu'ils connaissaient leur cible. Mais cela les gênerait dans les maquis. Arrivé près d'un pin solitaire qui poussait là, Simon descendit de cheval et l'attacha à l'arbre. Son compagnon l'imita. Puis Simon se planta fermement les deux pieds sur le sentier, assura son écu et sortit son épée qu'il tint en l'air pour qu'elle brille au soleil. Immédiatement, une volée de flèches arriva droit dans le bosquet où les assaillants s'embusquaient. Ce fut comme un coup de pied dans une fourmilière.
Une demi-douzaine de fredins se précipita vers les cavaliers sur la route mais ceux-ci étaient dans une bien meilleure position que si leurs assaillants les avaient attaqué de flanc. Là, l'étroitesse même de la route gênait les piétons, échelonnés de plus par l'encombrement de leurs armes, tandis que les chevaliers les attendaient avec écus et épées ou masses. Les chevaliers chargèrent et en peu d'instants la route était dégagée. Un vireton ricocha sur l'écu du chevalier noir et une flèche se planta dans le gambisson bleu de Blondel mais déjà les flèches des archers anglais avaient jeté à bas plusieurs tireurs qui s'étaient dévoilés pour tirer. Quatre bandits montaient vers Simon et son compagnon mais la côte était rude. Deux d'entre eux arrivèrent à leur niveau. Simon fit un grand mouvement de sa grande épée et l'un d'eux bascula en arrière, sa tête rebondissant sur les rochers. A cette vue, un de leurs assaillants se détourna vers la gauche et pris la fuite. Un autre s'écroula, une flèche au creux des reins. Simon vint alors à l'aide d'Albert qui semblait avoir fort à faire avec son adversaire. D'un coup de son écu, Simon jeta le bandit dans les ronces puis lui entailla profondément le bras de son épée. Celui-ci ne ferait plus de mal. Simon se jeta alors à la course du fuyard, qu'il rattrapa au bout de quelques toises. C'était un jeune homme, presqu'un enfant. Il jeta le cotel qui était sa seule arme et tomba à genoux, implorant grâce. Simon le releva et le ramena aux chevaux à la pointe de son épée courte, ayant rapidement essuyé sa grande épée et l'ayant remisée au fourreau dans son dos.
Ils descendirent avec leur prisonnier. L'autre avait saigné à mort et les deux autres étaient déjà en discussion avec Satan. Sur la route et au-dessus, ce n'étaient plus que cadavres. Les chevaliers et leurs gens n'avaient fait aucun quartier. « Branchons-donc celui-ci dit le chevalier noir
- Permettez, sire, je lui ai donné sa vie et puis je pense qu'il sera plus intéressant en vie.
- C’est votre prisonnier et nous vous devons trop pour vous contrarier. Votre vigilance nous a sauvé.
- J'avais promis de vous amener sains et saufs à mon seigneur, dit Simon en riant.
- Certes mais votre plan était bon. Nous n'avons aucune perte à déplorer. Seul Blondel a été touché mais la blessure n'est pas profonde. »
Le chevalier en bleu avait ôté son gambisson et se faisait soigner par un écuyer. La flèche avait seulement pointé dans le gras de l'épaule. Il fit un grand sourire à Simon. « Compliment à vous et vos archers, Sire Hardencourt. J'ai rarement vu une telle précision à une telle distance.
- Ce n'est pas pour rien que l'on nomme notre Hardencourt « le bon archer ».
- Il a supprimé un de mes assaillants à une telle distance ! Hardencourt dit quelque chose en normand.
- Il dit qu'il n'avait plus d'autre cible, traduisit Philippe de Cognac.
- Quoiqu'il en soit, c'est un exploit digne d'Hercule. »
La troupe ramassa tout ce qu'elle put sur place et se mit en route. Simon avait demandé que les corps ne soient pas abandonnés sr place pour ne pas empuantir le grand chemin mais soient jetés dans un ravin proche où les bêtes sauvages en feraient bon usage. Ils cheminaient paisiblement mais maintenant un groupe d'écuyers et d'archers ouvraient la route en avant et tous avaient chaussé leur haubert. Cognac et Sassy étaient plongés dans les dépouilles des brigands tandis que Simon côtoyait Blondel qui connaissait de nombreuses langues dont l'italien et donc pouvait discuter de son mieux. Cognac les rejoignit. « Il semblerait que notre bon roi Jean nous ait gardé une dent encore. Il n'est pas clair qui a soudoyé ces malandrins mais ils ont été payés en pièces de Flandre et d'Angleterre. Je pense qu'un de ses affidés s'en est chargé.
- C'était sans doute la dernière limite, dit Simon. Ici nous sommes en Terre d'Empire et le Comte est très respecté. Plus loin, vous serez hors de son atteinte.
- Jean est une aragne aux nombreux fils. Il essaiera encore mais cela lui sera difficile. »
Le soleil déclinait fort sur l'horizon quand la troupe se présenta devant les murailles de Vintimille. Elle fut rapidement conduite au château comtal et, tandis que leurs gens s'installaient et s'occupaient des montures, les chevaliers furent menés devant le Comte. « Sire comte, dit Simon, voici de nobles seigneurs de l'Occident. Ils étaient des tenants de « Oc e No »1 et maintenant proscrits cherchent refuge vers l'Orient.
- Bienvenue Messires, dit le Comte Guillaume. » C'était un homme d'aspect avenant, portant une courte barbe noire. A côté de lui et sur un siège égal se tenait un autre personnage qui lui ressemblait beaucoup. C'était son frère Henri. Un conflit assez dur les avait opposés pour la succession de leur père, Othon IV, comte de Vintimille et seigneur de Marro, mais leur mère Guillemette avait aboutit à un accord qui les faisait co-seigneurs de Vintimille. L'accord est alors conclu et la bonne entente restaurée, comme le montre leurs attitudes l'un envers l'autre, mais il ne sera officiellement signé qu'à Pâques de cette année devant l’évêque et le légat du Pape. Trois femmes assistaient à l'entrevue. Simon les désigna à ses compagnons comme les épouses de Guillaume et d'Henri et, dans un coin, entièrement vêtue de blanc mais dont la présence s'imposait visiblement à tous, la comtesse Guillemette. Derrière Guillaume, un écu au mur présentait ses armes de gueules au chef d'or tandis que derrière Henri, du fait de son statut de cadet, l'or était passé en pied.
- Le Seigneur vous ait en sa sainte garde, vous et tous les vôtres, répondit le chevalier noir.
- Nous aurons beaucoup à parler mais je propose que ce soit ce soir au souper, dit Guillaume. J'ai quelques affaires urgentes à régler auparavant. Profitez de notre hospitalité autant que vous le voudrez. Simon ! Pierre sera avec nous ce soir. Je souhaite que tu ais ce dont nous étions convenus. Certes son anniversaire n'est que dans trois mois mais je ne pense pas être présent alors. »
Au souper qui suivit, Philippe de Faulconbridge présenta ses compagnons et ne cacha rien de leur situation. Il narra aussi le combat de l'après-midi et la part qu'y avait pris Simon, ce qui lui valu un geste appréciatif du Comte. Ensuite Guillaume fit venir Simon qui se présenta avec un paquet sous le bras. Il appela un jeune homme qui s'était tenu modestement sur le côté de la haute table. « Messires, dit Guillaume aux visiteurs, permettez-moi de vous présenter mes enfants. Celui-ci qui joue avec son couteau est Emmanuel qui va sur ses 13 ans et dont je ne désespère pas de faire un bon chevalier un jour. Le gamin qui cours partout avec les chiens est Obert, dont je ne sais quoi faire et celui-ci est Guillaume. Guillaume aura quinze ans dans trois mois et je pensais le faire armer chevalier alors mais des questions dont nous débattrons en privé peuvent m'empêcher d'y être présent. C'est pourquoi j'ai voulu profiter de votre présence pour lui offrir par avance ce que j'avais prévu pour ce moment. Simon, apporte ton travail ! »
Simon s'avança et déposa sur les genoux de son maître un paquet enveloppé d'un linge. Guillaume en tira d'abord une dague. Le fourreau en était simple mais visiblement solide. Le manche en corne présentait une bouterolle en tête de lion. Guillaume la tira du fourreau. La lame était solide, droite avec une rainure centrale et visiblement très travaillée. Tout au long de la lame se voyaient des diaprures dans le métal. C'était une arme digne d'un prince. Les chevaliers laissèrent échapper un long sifflement appréciatif. Puis Guillaume sortit du linge une épée. Le métal en était parfait et le long de la lame on lisait en latin « Saint Michel, seigneur des armées ». La poignée en croix était incrustée d'or et le manche d'un cuir sombre assurant une tenue parfaite. La bouterolle ronde était sans aucun ornement, ce qui étonnait. Guillaume fit un geste et un serviteur amena un fourreau de cuir et de métal doré. « Guillaume, ce fourreau est celui de l'épée de ton grand-père, qui fut ensevelie avec lui dans son tombeau. Il sera désormais celui de ton épée. Que jamais tu ne les déshonores. Approche : »
Muet de surprise, le jeune homme s'avança et son père lui remit entre les mains l'épée insérée dans le fourreau et la dague. « Seul ton parrain pourra te la mettre au côté quand il te fera chevalier si tu en es digne.
- Seigneur, dit Cognac, si vous nous accordez deux semaines d'hospitalité, n'importe lequel d'entre nous verra à grand honneur d'apprécier les qualités de votre fils et de l'armer s'il le mérite.
- Ce sera un grand honneur pour ma maison et nous en parlerons. Vous être ici chez vous tout le temps qu'il vous plaira. Mais nous allons parler car je pense que je pourrais vous demander plus que cela.
- Tout à votre volonté, Seigneur, répondit Cognac surpris. »
Un peu plus tard, dans la chambre du Comte qu'éclairait et chauffait un bon feu, celui-ci recevait ses hôtes en compagnie de son frère. « Voici, Messires, ce qui me préoccupe et qui peut vous concerner. Il y a 8 ans, mon père, Othon IV, était entré en conflit avec Gênes que nous appelons Zena. Nice et Marseille nous ont alors soutenu. Aujourd'hui, Marseille est en conflit avec Provence. Je ne puis faire autrement que d'aller l'aider. De nombreux petits seigneurs des environs et les grands de Nice m'ont demandé de prendre leur tête. J'y suis résolu et je vais lever une troupe. Cependant, comme nous ne sommes pas directement menacés, je ne veux emmener que des volontaires et des mercenaires. Bien entendu, je ne saurais vous compter parmi ces derniers mais j'aimerais le faire dans les premiers. Bien sûr, je prendrais à ma charge vos dépends. Cela vous retardera dans votre route mais, pour moi, je ne puis compter votre venue à ce jour que comme un miracle de la Divine Providence.
- Seigneur, je ne puis parler pour mes compagnons mais pour moi-même, vous pouvez compter sur moi. Nous vous donnerons notre réponse au jour. »
Le lendemain, les chevaliers normands et leur suite décidèrent comme un seul homme de se joindre au Comte de Vintimille. Et quinze jours après, le jeune Guillaume reçut l'épée et les éperons dorés des mains du fils de Richard Cœur de Lion.
1« Oui et Non », surnom donné à Richard par les occitants, certains disent pour son laconisme, d'autres pour sa façon très normande de répondre aux questions.