Le port de Marseille, ce matin-là, est baigné d’une lumière intense, le ciel est d'un bleu foncé qui à lui seul m'informerait du Mistral violent si je n'entendais pas les rafales faire claquer les volets de bois. Les quais s'animent pourtant d’une agitation familière : marins, marchands et chevaliers se croisent, les uns préparant des navires pour le large, les autres discutant des dernières nouvelles venues de l’étranger. Le vent soulève violemment les pans de mon manteau écarlate, brodé du lion de ma maison. Je me tiens sur le promontoire du château Babon, le regard fixé sur l’horizon, mais mon esprit est tourmenté par des affaires plus personnelles.
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Chapitre 1.11 : 1197 – Le Chaos et les Conséquences
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Chapitre 1.10 : La Tentation du Corps (1196)
L'année 1196 s’ouvre sur une étrange accalmie. Les conflits politiques semblent suspendus, offrant à la ville un répit bienvenu. Pourtant, cette trêve n’est qu’apparente. En moi, les luttes ne font que commencer.
Les jours s’étirent, et avec eux viennent des distractions que je n’avais pas envisagées. Mon fief est un carrefour d’âmes et de corps, et les femmes qui gravitent autour de moi sont autant de tentations. Chacune d’elles, à sa manière, perturbe l’équilibre fragile de ma vie.
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Chapitre 1.9 : 1195 Le Fardeau de l’Honneur
L'année 1195 marque un tournant décisif dans ma vie. Après les tumultes de l'année précédente, il est impératif de reprendre en main mon destin. Les manœuvres d'Alphonse d'Aragon ont ébranlé ma position, mais elles ont aussi réveillé en moi un désir profond de renouveau, tant physique que mental. Le chemin est ardu, mais nécessaire.
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Chapitre 1.8 : 1194 Ross et Diogo
Mais cet équilibre ne plaît pas à tout le monde, et surtout pas au Roi d’Aragon. Par des manœuvres diplomatiques habiles, il commence dès l'année 1194 à me discréditer. Ses émissaires colportent des rumeurs, relayées par certains hauts prélats de Catalogne et d’Italie. Ils m’accusent d’avoir renié mes vœux monastiques, allant jusqu’à demander au Pape de me forcer à les honorer ou de m’excommunier.
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Chapitre 1.7 : Colères et compromis en Provence (1193)
C’est une soirée de l'automne 1193 que tout commence. Assis dans une salle austère de l'abbaye de Montmajour, devant la noblesse du Comté de Provence, je déclare publiquement ce que beaucoup redoutaient : je revendique le titre de Vicomte de Marseille. Le silence qui suit mes paroles est presque assourdissant, et je sais que cette annonce ne restera pas sans conséquence. La salle se scinde. Certains viennent me féliciter à voix basse. D'autres se concertent l'air maussade.
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Chapitre 1.6 : Les Marchands de Marseille (Avril 1193)
La chaleur de la grande salle contraste avec l'air froid du matin qui règne encore dans les ruelles étroites de Marseille. Les lourdes pierres des murs suintent une humidité persistante, malgré les braseros disposés à intervalles réguliers pour réchauffer l'atmosphère. De riches tapis d’Orient, brodés de motifs floraux et de scènes de chasse, couvrent le sol inégal, étouffant les bruits de pas. Les poutres massives du plafond, noircies par la fumée des chandelles, ajoutent à l'impression de gravité qui pèse sur l'assemblée. De hautes fenêtres étroites, protégées par des vitraux en losanges de verre soufflé, laissent entrer une lumière tamisée, accentuée par les reflets pourpres des tentures de soie qui ornent les murs.
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Chapitre 1.5 : Retour à Saint-Victor (Mars 1193)
Je traverse les portes massives de l’abbaye de Saint-Victor sous un ciel gris, le pas alourdi par l’incertitude. L’ombre des tours me ramène à la réalité : je ne suis plus seulement un frère en quête de rédemption, mais un homme pris dans les engrenages d’une lutte pour la survie de Marseille et de son héritage. Barral de Peynier, mon jeune cousin, m'a accompagné depuis Trets.Arnulphe m’attend dans la salle capitulaire, flanqué de Basile. Leur présence m’apaise : ces deux hommes, si différents l’un de l’autre, incarnent deux piliers essentiels de ma cause. Arnulphe, avec sa stature imposante et son regard perçant, est un guerrier né, un homme de terrain capable d’organiser la défense de l’abbaye et de la ville. Basile, plus discret mais tout aussi efficace, est un maître de la gestion et de la logistique, un rouage invisible mais vital. -
Chapitre 1.4 : Le Château de Trets (26 février 1193)
Je me tiens devant les lourdes portes du château de Trets, ce lieu qui a vu grandir Barral et moi, et une foule de souvenirs me submerge. Le vent sec et chargé d’histoire semble chuchoter à mes oreilles le rire de mon frère aîné. Barral, de quatre ans mon aîné, avait toujours été une figure imposante à mes yeux. Plus qu’un frère, il était un guide, un protecteur, celui que j’essayais, en vain, d’imiter. Combien de fois, enfants, m’avait-il devancé dans nos jeux dans la cour, sautant plus haut, courant plus vite, combattant mieux que moi avec une branche d’olivier comme épée ? Aujourd’hui encore, le simple souvenir de son assurance m’écrase d’un mélange d’admiration et de regret.
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Chapitre 1.3 : Le Conseil de la Maison Communale (22 février 1193)
Les imposantes voûtes de la Maison Communale résonnaient des murmures et des bruits feutrés de discussions privées. Une lueur dorée émanait
des chandeliers massifs, projetant des ombres vacillantes sur les tentures richement ornées. Les représentants des marchands marseillais étaient tous présents, attablés autour d’une longue table de chêne. Des visages graves, certains marqués par les années passées à arpenter les mers ou à superviser les docks. Leur présence était à la fois une forme de respect et une marque de pression discrète.
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Chapitre 1.2 : L'assaut de Saint-Victor (une heure plus tôt)
Les cloches sonnaient à toute volée, déchirant l’air paisible du crépuscule. Les murs de l’abbaye résonnaient des échos d’une agitation grandissante en contrebas. À travers les fenêtres étroites, on distinguait une marée humaine se pressant autour des murs de Saint-Victor, brandissant des torches et scandant des cris. L’angoisse imprégnait chaque recoin de l’abbaye.