Lorsque je réfléchis à ces jours sombres, je ne saurais dire avec précision où la réalité s'arrête et où commence le délire. Ma blessure m'a laissé plongé dans un abîme de souffrances et de visions confuses, entrecoupées de brefs éclats de lucidité. Ce mois d'août, je ne l'ai véritablement vécu qu'à travers un brouillard de fièvre et de cauchemars.
Je me souviens vaguement des premiers jours, juste après la bataille. Des visages familiers apparaissaient à mon chevet : Basile, le regard inquiet, veillait à mes pansements ; Arnulphe, plus réservé, murmurait parfois une prière. Et Adalasie… J'ai vu son visage baigné de larmes plus souvent que je ne saurais compter. Elle me tenait la main, mais ses mots m'échappaient, noyés dans le bourdonnement incessant de ma fièvre.